Afrique du Nord et Moyen-Orient
Préscolaire |
Primaire |
Secondaire |
Supérieur |
|
Bahreïn |
– |
– |
25 000 |
450 |
Egypte(a) |
101 346 |
343 178 |
2 433 316 |
– |
Emirats arabes unis |
60 000 |
391 |
||
Israël(b) |
245 |
534 |
14 400 |
645 |
Koweït |
– |
20 000 |
85 000 |
700 |
Liban |
332 664 |
364 221 |
206 842 |
– |
Maroc |
658 789 |
4 149 323 |
2 638 859 |
n.c. |
Soudan |
10 |
100 |
45 000 |
4 500 |
Tunisie |
– |
900 000 |
944 000(c) |
n.c. |
Note : les effectifs sont donnés pour l’année scolaire 2017/2018 sauf Bahreïn (2014/2015), Tunisie (2015/2016), Israël, Koweït, Maroc (2016/2017)
Cette région comprend 5 membres de plein droit de l’OIF (l’Egypte, le Liban, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie), un membre associé (le Qatar), ainsi qu’un pays observateur (les Émirats arabes unis). La langue française y occupe une fonction de langue étrangère, mais bénéficie de dispositions juridiques privilégiées : langue d’enseignement aux côtés d’une ou de plusieurs autres langues (en Tunisie, au Maroc, en Algérie, en Mauritanie, au Liban et en Egypte), souvent dès le primaire, elle est aussi langue d’enseignement dans de nombreuses filières du supérieur.
Dans les pays du Maghreb, le français occupe une place particulière, même s’il n’est plus langue officielle depuis plus d’un demi-siècle. Il continue en effet d’être utilisé par une partie de la société, notamment les élèves et les étudiants ainsi que l’administration, au côté de l’arabe, langue officielle – parfois aux côtés des langues amazigh-tamazight-chelha, etc. – et reste également présent dans le monde du travail, les médias, le secteur du livre et la presse.
On peut noter que le Sommet de la Francophonie qui sera organisé en 2020 à l’occasion de la célébration de ses 50 ans, aura lieu en Tunisie, le pays d’Habib Bourguiba, l’un des pères fondateurs de la Francophonie institutionnelle (au côté de Léopold Sédar Senghor, d’Hamani Diori, ainsi que du Prince Norodom Sihanouk du Cambodge).
Il faut également rappeler la conjoncture actuelle de certaines zones où les conditions de vie et donc d’apprentissage dans les systèmes éducatifs sont fortement déstabilisées en raison de conflits (Irak, Syrie, Lybie) rendant difficile l’obtention de données fiables – loin des priorités des pays – mais préfigurant également de nouvelles réalités démographiques, linguistiques et éducatives dans des pays d’accueil de migrants tels que le Liban, notamment pour l’intégration dans le système éducatif des populations fragilisées.
ÉTAT DES LIEUX
« LE FRANÇAIS EST UNE COMPÉTENCE RECHERCHÉE DANS LE MONDE UNIVERSITAIRE ET PROFESSIONNEL »
Le poids de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient s’explique, comme en 2014, par la position singulière qu’y occupe le français, ni langue officielle, ni langue principale d’enseignement, mais néanmoins présente dans la vie quotidienne d’une partie significative de la population, compétence recherchée dans le monde universitaire et professionnel et/ou langue utilisée dans l’enseignement de certaines disciplines dès le primaire parfois, dans le secondaire pour les matières scientifiques et dans certaines filières du supérieur.
LES EVOLUTIONS
Sur le continent africain, l’enseignement du FLE progresse de façon considérable et plus particulièrement en Afrique du Nord, qui concentre 45% du nombre total d’apprenants à l’échelle mondiale en 2018. Une place importante lui est en effet accordée dans les systèmes éducatifs (encore souvent dans le privé) notamment des pays du Maghreb afin de faciliter l’accès aux enseignements du Supérieur (souvent dispensés en français), également parce que la langue française est une compétence recherchée dans le monde professionnel, ou encore pour permettre d’entreprendre une mobilité étudiante vers les universités et écoles francophones.
Le DELF Pro s’est développé en Tunisie grâce au programme « Certifications en appui à l’employabilité », relevant du deuxième projet d’appui à la réforme de l’enseignement supérieur (PARES II), financé par la Banque mondiale et mené conjointement par l’Institut français de Tunis et le MESRSTIC (ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique, des technologies de l’information et de la communication de Tunisie).
Ce programme prévoyait à l’origine la prise en charge de 2000 inscriptions au DELF PRO par le MESRSTIC. Il a cependant progressivement été remplacé par le DELF TP qui convenait mieux au public étudiant, et n’offrait pas moins de perspectives sur le marché de l’emploi ou dans les universités françaises.
Dans les systèmes éducatifs nationaux
Dans les pays du Maghreb, la langue française, bien que n’étant pas officielle, reste inscrite dans le primaire ou le secondaire (aux côtés de l’arabe, de ses déclinaisons dialectales ou langues nationales dite parlées), et se développe dans le privé et dans l’enseignement supérieur, pour accompagner les projets de mobilités étudiantes, professionnelles- notamment commerciales- à l’international.
« LA LANGUE FRANÇAISE REPRÉSENTE UN POIDS DANS LES SYSTÈMES ÉDUCATIFS DE LA RÉGION,
NOTAMMENT DANS LE CADRE DE DISPOSITIFS D’ENSEIGNEMENT BILINGUES QUI SE STRUCTURENT »
Un fort intérêt pour l’apprentissage du FLE se manifeste dans les systèmes éducatifs en Tunisie, en Égypte et surtout au Maroc, qui compte à lui seul 7 246 439 élèves en 2016-2017, principalement dans le primaire et le secondaire. Et se démontre également par un nombre de candidats aux versions jeunes public du DELF en constante progression : des sessions du DELF scolaire sont d’ailleurs parfois proposées dans le cadre d’une convention avec le ministère de l’Éducation (au Maroc, en Israël, en Jordanie, à Oman, et dans les territoires palestiniens).
Sur un total d’apprenants à la hausse de +8% à l’échelle mondiale entre 2014 et 2018, le dynamisme de la région Afrique du Nord – Moyen-Orient est indiscutable, avec une évolution de 33% , réunissant par ailleurs à elle seule 45% des effectifs de FLE avec presque 15 millions d’ apprenants, dont plus de 3 ,5 millions se trouvent en Egypte, et presque 7,5 millions au Maroc où les effectifs progressent de presque 20% depuis 2014.
Ces évolutions confirment le poids que représente la langue française dans les systèmes éducatifs de la région, notamment dans le cadre de dispositifs d’enseignement bilingues qui se structurent en Egypte par exemple, ou encore au Liban qui tend d’ailleurs vers le trilingue dans le Supérieur.
Au sein du réseau culturel des IF et des AF
Le réseau est constitué de 69 établissements (13 Alliances Françaises et 56 Instituts Français), et accueille des effectifs globalement en progression, passant de presque 104 000 en 2013 (en 2012 pour les AF) à plus de 121 000 en 2017, avec des cohortes plus particulièrement importantes en Algérie (10 000 apprenants), en Egypte (13 000), en Tunisie (11 500), et surtout au Maroc avec près de 65 00 apprenants.
Ce réseau de 56 IF ne réunit d’ailleurs pas moins que 50 % de ses effectifs à l’international, tout comme le réseau des établissements scolaires français de l’AEFE concentre dans cette région 39 % du total des effectifs scolarisés en français à l’international (principalement au Maroc et au Liban).
Les effectifs évoluent positivement dans les IF en Iran (passant de 600 apprenants en 2013 à 2200 en 2017) et négativement au Liban (de 7 600 apprenants en 2013 à 3 400 en 2017).
Le français langue professionnelle, d’intégration et de mobilité
Le nombre de candidats aux certifications de français atteste bien de l’intérêt que les projets de mobilité universitaire et professionnels – notamment pour les affaires- représentent pour le public, tout comme la progression importante du nombre de candidats aux diplômes officiels du DELF-DALF, plus particulièrement pour les versions « jeune public » (+48%).
Les mobilités vers la France des étudiants- principalement originaires du Maroc, d’Algérie, de Tunisie- (des pays qui accueillent de plus en plus de mobilités étudiantes intracontinentales et de populations migrantes) sont en constante évolution, et représentent les plus grandes cohortes du continent africain.
« DES DIFFICULTÉS LINGUISTIQUES RENCONTRÉES PAR LES ÉTUDIANTS
AU MOMENT D’ABORDER L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR »
Le français est donc bien une compétence recherchée dans le monde universitaire et professionnel dans nombre de pays de la région, malgré les difficultés liées rencontrées par les étudiants (niveau linguistique insuffisant au moment d’aborder l’enseignement supérieur) et par les équipes pédagogiques (outils et méthodologie à adapter aux réalités de l’apprentissage du FLE).
La Francophonie universitaire s’emploie d’ailleurs à venir en appui à l’enseignement en langue française, à travers la consolidation des départements d’études françaises et les centres de langues, la professionnalisation des programmes, le renforcement des compétences du corps professoral, etc.
L’INSTITUT DE LA FRANCOPHONIE POUR L’INGÉNIERIE DE LA CONNAISSANCE ET DES FORMATIONS À DISTANCE (IFIC)
L’IFIC, institut international de l’AUF créé à Tunis en 2012, a pour mission principale de répondre aux nouveaux défis de l’enseignement numérique francophone, et de participer au développement et à la modernisation des systèmes éducatifs partout dans le monde, en lien étroit avec les établissements membres de l’AUF.
Ses actions s’inscrivent toutes dans une dynamique d’innovation, qu’il s’agisse de la formation et de la sensibilisation, du conseil et de l’expertise, ou de la recherche et de la veille : en interaction avec les CNF et les universités partenaires, l’institut organise et coordonne, sur des sujets en rapport avec ses domaines d’intervention, des webinaires, des barcamps, des ateliers TeduX, et des formations de formateurs, en présentiel ou non, mais accompagne aussi les porteurs de projets en matière de formation ouverte et à distance, et de CLOM. L’IFIC est en outre chargé de la mise en œuvre du métaportail IDNEUF de ressources éducatives libres. Dans le domaine de la recherche, l’IFIC soutient des projets et des dispositifs novateurs dans le domaine du numérique éducatif.