Pour 33 pays constituant
« l’Espace francophone » (EF)*
12,4% de part moyenne de leurs échanges avec un pays de l’EF
17,8% d’échanges en plus grâce au partage de la langue française
+3,5% de leur taux d’ouverture en moyenne
+4,2% de PIB par tête en moyenne grâce à l’appartenance à cet espace
*rassemblant les pays où le français occupe une place significative
LE FRANÇAIS, UN ATOUT ÉCONOMIQUE
Espace économique francophone ou francophonie économique, les définitions sont assez fluctuantes et les données qui les accompagnent, encore rares, manquent souvent de précision et de rigueur. On constate néanmoins que la question de la valeur économique de la langue française et/ou de la francophonie (considérée comme la communauté des locuteurs de français), voire de la Francophonie (comme l’ensemble des 29 pays qui ont le français pour langue officielle ou celui des 88 États et gouvernements membres et observateurs de l’OIF) occupe une place croissante dans les débats et les études. La Francophonie institutionnelle elle-même, qui n’a jamais négligé le volet économique de sa coopération, a décidé de renouveler sa stratégie spécifique en la matière, en novembre 2020 lors de sa 37e Conférence ministérielle.
Distinguons d’entrée deux dimensions qui, certes, s’autoalimentent mais ne se confondent pas.
D’une part, celle qui caractérise le poids économique relatif d’un ensemble de pays qui constituent la Francophonie (de facto, parce que le français est utilisé quotidiennement sur leur territoire ou de jure parce qu’ils ont adhéré à l’OIF). En affinant, on peut étudier aussi l’avantage que le partage de cette langue leur procure dans leurs échanges et le bénéfice qu’ils en retirent. D’autre part, celle qui s’attache à mesurer la valeur ajoutée de la langue française elle-même : en tant qu’élément constitutif d’un produit ou d’un service (un livre, un film, une information, un cours en ligne…), en tant que compétence valorisable sur le marché du travail ou dans l’entreprise, ou en tant que « bien » soumis à l’offre et à la demande (cours de français, traduction, interprétation…).
« Espace économique francophone »
L’espace économique francophone n’est pas organisé en tant que tel, mais l’appartenance à l’OIF, d’une part, et le partage de la langue française, d’autre part, produisent des effets de nature économique.
Lorsqu’ils se concertent et expriment des positions communes sur les questions économiques internationales, la voix des 88 États et gouvernements membres et observateurs de l’OIF s’élève à la hauteur du poids de ces pays : 17,5% de la population mondiale et 16,5% du Revenu brut mondial.
Même en réduisant le nombre de pays à ceux d’entre eux qui ont le français pour langue officielle ou qui connaissent une pratique significative de la langue française (33 pays constituant l’Espace francophone ou EF selon l’étude réalisée par Maria Masood pour LFDM 2018), l’ensemble représente encore 7,3% de la population mondiale et 8,7% du PIB mondial. Pour les pays de l’EF, le partage du français est créateur de valeur : près de 18% de flux commerciaux supplémentaires en moyenne entre deux pays de l’EF et un gain de 4,2% de richesse par habitant en moyenne.
Valeur ajoutée du français
La langue française recèle une valeur économique en soi en tant qu’élément constitutif d’un produit ou d’un service (un livre, un film ou un contenu de formation), en tant que compétence valorisable sur le marché du travail ou dans l’entreprise (utilité de la langue), ou en tant que « produit » dont l’acquisition se traduit par une dépense (cours de français, traduction, interprétation).
Industries culturelles et créatives : l’atout francophone
On voit se multiplier les études portant sur le secteur des industries culturelles (Natixis, UniFrance, Ernst&Young…) qui insistent sur les potentialités du marché francophone dans le domaine de l’audiovisuel ou de l’édition par exemple. Une étude préliminaire pour la réalisation d’une « cartographie » des acteurs de la chaîne du livre en français à l’occasion des Etats généraux du livre en français dans le monde (septembre 2021 à Tunis) laisse entrevoir de réelles perspectives de partenariat dans ce secteur. Un réseau numérique des acteurs du livre en langue française dans le monde a été créé sous forme de plateforme pour permettre de trouver des partenaire et de s’enregistrer soi-même si on le souhaite. D’ores et déjà, on constate que les pays francophones pèsent fortement dans le commerce mondial de produits culturels et que le partage de la langue française encourage leurs échanges dans ce domaine. Cependant, certains secteurs, comme l’édition, accusent un réel déséquilibre au profit des pays du Nord, comme en atteste l’étude économique prospective « Le livre en langue française en 2030 et 2050« , réalisée par le cabinet BearingPoint à l’occasion des Etats généraux du livre en langue française.
Le français langue de travail
Le français langue de travail constitue un atout pour les professionnels comme en témoignent les réseaux francophones qui s’organisent à l’échelle mondiale : Union des banques francophones (UBF), Réseau francophone de l’innovation (FINNOV), Alliance des Patronats Francophones… Le français et la question des langues en général dans le recrutement des entreprises internationales est centrale. Une série d’études inédites sur le sujet conduites en Arménie, en Bulgarie, au Cambodge, au Kenya, au Liban, à Madagascar, au Nigéria, en Roumanie et au Vietnam, montre la place singulière de la langue française sur le marché de l’emploi.
Pour aller plus loin…
INDUSTRIES CULTURELLES :
2018 – L’espace économique francophone dans les industries créatives – Maria Masood