Afrique subsaharienne et océan Indien
Pour les pays dont le français est la seule langue d’enseignement |
Préscolaire |
Primaire |
Secondaire |
Supérieur |
TOTAL |
Bénin (2015) |
151 732 |
2 238 185 |
963 787 |
131 299 |
3 485 003 |
Burkina-Faso (2016) |
55 003 |
2 873 049 |
1 058 163 |
94 728 |
4 080 943 |
Centrafrique (2016) |
– |
813 767 |
118 883 |
– |
932 650 |
Comores (2014) |
13 478 |
120 381 |
70 234 |
6 499 |
210 592 |
Congo |
– |
– |
– |
– |
– |
Congo RD (2015) |
338 658 |
13 763 196 |
4 618 895 |
– |
18 720 749 |
Côte d’Ivoire (2016) |
161 696 |
3 617 219 |
1 727 227 |
192 689* |
5 698 831 |
Gabon |
– |
– |
– |
– |
– |
Guinée (2014) |
224 575** |
1 729 630 |
715 702 |
117 943 |
2 787 850 |
Mali (2016) |
106 544 |
2 356 420 |
1 013 780 |
83 150* |
3 559 894 |
Niger (2016) |
168 879 |
2 611 352 |
717 660 |
– |
3 497 891 |
Sénégal (2016) |
224 617 |
2 034 345 |
1 117 214 |
150 367 |
3 526 543 |
Togo (2016) |
115 105* |
1 498314 |
– |
83 021 |
1 696 440 |
TOTAL |
1 560 287 |
33 655 858 |
12 121 545 |
859 696 |
48 197 386 |
*chiffres renseignés par le pays
**chiffres de 2015
Dans les pays ou le français est langue d’enseignement |
Préscolaire |
Primaire |
Secondaire |
Supérieur |
TOTAL |
Burundi |
n.c. |
n.c. |
723 357 |
51 225 |
774 58 |
Cameroun |
1 283 877 |
3 328 073 |
n.c. |
n.c. |
4 611 950 |
Djibouti |
2 608 |
61 846 |
57 182 |
n.c. |
121 636 |
Madagascar |
n.c. |
3 850 675 |
1 518 828 |
66 727 |
5 436 230 |
Tchad (2016) |
n.c. |
2 213 223 |
535 112 |
42 463 (en 2014) |
2 790 798 |
TOTAL |
1 286 485 |
9 453 817 |
2 834 479 |
160 415 |
13 735 196 |
Parmi les 29 pays de l’espace francophone qui ont le français comme langue officielle -unique ou co-officielle- 21 se situent en Afrique subsaharienne, dont 13 ont le français comme seule ou principale langue d’enseignement dès l’entrée à l’école, et les 5 autres conjointement à une ou plusieurs autres langues, entièrement ou partiellement, selon les niveaux.
Les langues anciennement coloniales ont perduré dans les systèmes éducatifs, également en tant que langues véhiculaires ou internationales, partageant aujourd’hui le statut de langue officielle ou co-officielle aux côtés des langues nationales africaines (d’ouverture parfois également transfrontalière voire régionale, comme le Swahili en Afrique de l’est) dans des environnements toujours marqués par le multilinguisme et la diversité culturelle.
Le français n’occupe bien souvent dans les faits qu’une fonction de langue seconde voire de langue étrangère, sur un continent marqué par une grande diversité dans les choix de politiques linguistiques et dans la réalité des usages ; dans des contextes socio- économiques et géopolitiques fragiles, où la scolarisation pour toutes et tous, la formation et l’insertion professionnelle des jeunes et des femmes, ainsi que la formation des enseignants, sont des défis majeurs à relever.
ÉTAT DES LIEUX
La langue française doit sa caractérisation comme langue mondiale, entre autres, au fait qu’elle est enseignée dans tous les pays du monde, mais aussi qu’elle est la langue d’enseignement, à des degrés divers, de 36 pays et territoires, dont plus de la moitié se trouve sur le continent africain.
Sur les 81 millions d’individus suivant un enseignement en français, les ¾ sont inscrits dans des établissements nationaux (publics et privés) situés dans des pays d’Afrique subsaharienne ou de l’Océan Indien.
Pour les pays dont le français est la seule langue d’enseignement, l’Unesco répertorie plus de 48 millions d’élèves pour la période 2014-2016 et dans les pays pour lesquels l’information est disponible (Source : Unesco) dont presque 19 millions d’élèves sont concentrés dans la seule république démocratique du Congo.
Pour les pays où le français est utilisé avec une ou plusieurs autres langues, entièrement ou partiellement selon les niveaux (Burundi, le Cameroun, Djibouti, Madagascar, et Tchad), presque 14 millions d’enfants sont scolarisés en français.
LE RENFORCEMENT DE LA FORMATION INITIALE ET CONTINUE DES ENSEIGNANTS DU PRIMAIRE ET DES COLLÈGES PAR L’USAGE DES TICE EN AFRIQUE
Dans un contexte où l’accès des enfants à l’école a beaucoup progressé en Afrique subsaharienne, et où la qualité de l’éducation dispensée est un problème majeur, les possibilités offertes par les technologies de l’information et de la communication (TICE) permettent de revisiter les modes de formation des enseignants, leur fournir de nouveaux outils pédagogiques et renouveler les pratiques de classe.
L’Agence française de Développement (AFD) et l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) ont voulu explorer ce potentiel des TICE à travers 4 projets ambitieux et innovants qui ont été sélectionnés en 2016 (en Côte d’Ivoire, à Madagascar, au Mali et au Niger) au profit de l’amélioration de la formation initiale et continue des enseignants du primaire et du collège :
M-Learning Côte d’Ivoire , à destination de 600 maitres du primaire et de 400 enseignants des collèges, dans 6 régions du pays. http://vstice.auf.org/cote-divoire/
FADEP Madagascar (Formation A Distance des Enseignants du Primaire) à destination de 1000 enseignants du primaire dans 8 régions du pays. http://vstice.auf.org/madagascar/
ATIC – Mali (Apprendre par les TIC) à destination de 840 maitres et directeurs d’école du primaire dans la région de Sikasso. http://vstice.auf.org/mali/
UTIFEN Niger (Usage des Technologies de l’Information pour la Formation des Enseignants au Niger) à destination de plus de 21 000 enseignants et formateurs du primaire, du secondaire et du secteur technique. http://vstice.auf.org/niger/
IFADEM : Un nouveau dispositif techno pédagogique au Sénégal
La phase d’expérimentation d’IFADEM au Sénégal, initiée fin 2014, a été l’occasion de tester un nouveau dispositif technologique reposant sur une dotation individuelle des acteurs ciblés en tablettes connectées à internet, accompagnées d’outils tels qu’une plateforme de type Edx, permettant d’accéder à des contenus d’autoformation contextualisés et des outils de communication numériques (Outils Google Education).
Cette expérimentation a été rendue possible grâce au contexte technologique particulièrement favorable au Sénégal (taux de couverture et diversité des opérateurs), et surtout grâce à l’existence de ressources humaines expérimentées. L’intégralité des ressources utilisées a été ainsi produite par des équipes locales, et le suivi techno-pédagogique assuré par ces mêmes équipes.
Entre octobre 2016 et juillet 2017, 500 enseignants des académies de Fatick et de Kaolack ont suivi un parcours de formation comprenant 7 modules en se connectant, grâce à leur tablette, sur la plateforme mise à leur disposition. Au cours de leur formation, ils ont été encadrés à distance et en présentiel par 20 tuteurs, qui pouvaient répondre à leurs questions quotidiennement et poster des devoirs ainsi que de la documentation complémentaire. Les tuteurs ont également pu disposer d’outils pour communiquer entre eux et rédiger leurs rapports de suivi en ligne.
LE TALISMAN BRISÉ :
Un magazine bilingue sur le français aux côtés des langues locales
Les adaptations en versions français – wolof de la série « Le Talisman brisé » ont été l’occasion de travailler avec Massamba Gueye et la radio nationale du Sénégal sur une émission interactive en direct, produite par les équipes sénégalaises et relayée sur facebook. L’auteur du « Talisman brisé » aborde – à partir de la diffusion d’un épisode de la série – les relations entre le français et les langues locales. Les notions entendues dans la série sont approfondies dans la rubrique « le mot de la semaine », un reportage illustre la vivacité de la coexistence des deux langues et un linguiste invité commente les usages des deux langues dans les différents contextes de la vie. Une émission interactive laisse également la parole à l’auditeur et propose un jeu avec des questions sur l’épisode diffusé. Le concept de l’émission a été adapté pour la radio nationale de Madagascar avec succès.
« FORMER LES ENSEIGNANTS ET FACILITER L’ACCÈS À DISPOSITIFS DE FORMATION ADAPTÉS »
La grave pénurie d’enseignants qualifiés au niveau de l’enseignement de base est un écueil majeur qui persiste à l’échelle des systèmes éducatifs, au détriment de la qualité de l’enseignement et des résultats des élèves.
Les statistiques établies par l’UNESCO en Afrique subsaharienne indiquent en effet que presque 7 pays sur 10 sont confrontés à cette difficulté, et que la situation de nombreux pays pourrait se détériorer face à un besoin croissant. L’Afrique subsaharienne devrait en effet pouvoir créer à elle seule 2,3 millions de nouveaux postes d’enseignants d’ici 2030, tout en pourvoyant environ 3,9 millions de postes vacants.
La formation et la professionnalisation des enseignants, à travers le renforcement des compétences linguistiques, langagières professionnelles ou encore didactiques est donc déterminante pour répondre qualitativement aux besoins massifs de formation de demain.
La fracture numérique reste par ailleurs importante à l’échelle mondiale avec 3,9 milliards d’habitants sans accès à internet en 2016(1) selon une étude des Nations unies, et touche plus particulièrement l’Afrique, trois Africains sur quatre n’ayant pas accès au réseau (avec seulement 15,4 % de foyers connectés)(2). Ce fossé risque de mettre à mal le développement de certains pays, ou encore d’isoler certains peuples, certaines zones, plus ou moins accessibles ou enclavées.
Face aux inégalités d’accès au réseau internet et aux contenus de formation qui persistent, des outils et des dispositifs techno- pédagogiques se construisent, s’appuyant notamment sur la téléphonie mobile, ou encore la radio, « média carrefour» incontournable en Afrique ( faisant le lien entre les populations alphabétisées ou non, rurales et urbaines, francophones et locutrices des langues nationales, avec la presse écrite etc.).
CRÉATION DE L’IFEF À DAKAR : UNE EXPERTISE TECHNIQUE AU SERVICE DES ÉTATS ET DES GOUVERNEMENTS MEMBRES DE L’OIF
L’IFEF (Institut de la francophonie pour l’Education et la Formation) est un organe subsidiaire de l’OIF créé à Dakar en 2017 afin d’accompagner les pays dans la mise en œuvre de réformes innovantes à travers de nouvelles approches pédagogiques bilingues, le renforcement des compétences des enseignants, en tirant notamment profit des potentialités du numérique.
La Francophonie lui a confié la mission de fournir aux États et gouvernements ainsi qu’à ses partenaires, une expertise technique qui contribue à l’élaboration, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des politiques éducatives.
Parmi les programmes portés par l’IFEF, 2 expérimentations sont menées aux côtés des États et des Gouvernements pour répondre plus particulièrement aux problématiques évoquées : l’initiative francophone pour la formation à distance des maitres (IFADEM), et l’initiative « École et langues nationales » en Afrique (ELAN-Afrique).
LES EVOLUTIONS
Dans les systèmes éducatifs nationaux
Le français est langue d’enseignement (seule, ou principale dès l’entrée à l’école) dans 13 pays, et langue d’enseignement avec une ou plusieurs autres langues dans 5 pays.
Le nombre d’enfants scolarisés en français évolue du fait des évolutions démographiques caractéristiques de la région, ainsi que des progrès réalisés en termes de scolarisation des enfants, passant d’un total de 54,5 millions en 2013-2014 , à 59,5 millions en 2016- 2017.
Selon que la langue française est seule ou l’une des langues d’enseignement, environ 70% des effectifs sont concentrés dans le primaire, et l’on comprend alors l’enjeu qu’une formation de qualité en français et dans les langues nationales représente dans les pays concernés.
C’est dans ce contexte que la Francophonie poursuit son engagement pour l’éducation afin d’accompagner les pays dans la mise en œuvre de réformes innovantes à travers de nouvelles approches pédagogiques bilingues, le renforcement des compétences des enseignants, en tirant notamment profit des potentialités du numérique- avec l’appui de l’IFEF tout nouvellement constitué à Dakar en 2017. Parmi les programmes portés par l’Institut de la francophonie pour l’Education et la Formation, 2 expérimentations sont menées aux côtés des États et des Gouvernements afin de répondre plus particulièrement aux problématiques évoquées : l’initiative francophone pour la formation à distance des maitres (IFADEM), et l’initiative « École et langues nationales » en Afrique (ELAN-Afrique).
Dans les établissements du réseau scolaire français
Plus de 60 000 élèves sont scolarisés au sein du réseau scolaire français à l’étranger dans la région (dont presque 10 000 dans les établissements de la mission laïque française). Ce qui représente 17,7% des effectifs du réseau de l’AEFE , répartis dans 104 établissements, plus particulièrement nombreux dans des pays tels que la Côte d’Ivoire (presque 8000 élèves), le Gabon (5000 ) , Maurice (5 000), le Sénégal (7 300) et Madagascar (plus de 11 000), avec une répartition des effectifs plutôt équilibrée entre élèves français, nationaux et étrangers.
Les enseignants et les associations de professeurs de français
Les associations nationales des professeurs de français membres de la FIPF sont coordonnées par la Commission de l’Afrique et de l’Océan indien (APFA-OI), avec 33 associations de tailles assez disparates : de moins de 50 membres (Burundi, Guinée Equatoriale, Tanzanie…) à des associations de 250 à 500 membres (au Mali et au Sénégal). Certains pays rassemblent par ailleurs plusieurs associations, comme au Congo (2 associations) ou encore au Nigéria (3 associations). Il s’agit d’une zone dans laquelle les conditions d’enseignement comme associatives sont particulièrement difficiles.
L’enseignement du et en français est assuré dans les pays francophones par les enseignants qui interviennent dans les systèmes scolaires, qui sont regroupés pour certains au sein des associations de professeurs de français. Chaque pays d’Afrique francophone comptant au moins une association membre de la FIPF (18 en tout), mais il existe également des associations indépendantes de la FIPF.
Elles indiquent toutes qu’il existe des instructions officielles dans les pays pour l’enseignement du français, et qu’elles sont toutes consultées – à l’exception du Tchad- par les autorités éducatives. Elles signalent sans exception les difficultés logistiques déjà évoquées (électricité, matériel informatique, stabilité des connexions internet etc.) qui invalident à l’avance ou rendent difficile toute démarche pédagogique allant dans le sens de l’utilisation des ressources en ligne.
Le maillage « francophone » ne semble pas être optimisé par les associations, au détriment des liens locaux et régionaux qui mériteraient pourtant d’être renforcés.
LA FRANCOPHONIE UNIVERSITAIRE DANS L’OCÉAN INDIEN
Entre autres activités organisées au bénéfice du renforcement du français dans les universités de la région de l’océan indien, le bureau régional de l’AUF a accompagné :
La création d’une plateforme pédagogique de ressources pour la formation au socle commun de compétences, afin d’améliorer la qualité de l’enseignement par le renforcement des compétences linguistiques dès le niveau L1 (création d’un référentiel des compétences en français pour l’Université des Comores, de ressources pédagogiques pour l’enseignement et l’apprentissage du français, mise en place d’un système de formation en ligne pour les modules transversaux).
Des rencontres des doctorants et des jeunes docteurs en Sciences Humaines et Sociales provenant des universités et des laboratoires de l’Océan indien, dans le cadre de l’École doctorale régionale Prélude en « Langues, pluralités et développement dans la Zone Océan Indien». Permettant ainsi de renforcer les capacités de formation et de recherche doctorales dans la région, à travers la production et la mutualisation des ressources, et la formation des enseignants- chercheurs.
La formation à Distance des Enseignants du Primaire à Madagascar dans le cadre du dispositif de formation FADEP, visant à renforcer les compétences professionnelles des enseignants à travers un dispositif hybride de formation à distance — FADEP.MG